Aller au contenu

Un cas de possession extraordinaire ?

  • par

Un cas de possession extraordinaire ?

Étant donnée la ressemblance frappante entre la possession et les phénomènes décrits par la parapsychologie, aujourd’hui s’impose la plus extrême réserve.

Ce qui, auparavant était considéré comme le signe certain de l’authenticité d’une possession ne peut plus aujourd’hui passer pour tel sans plus ample examen.

Avant de lire l’ article je vous propose cette vidéo exceptionnelle, qui je pense vous donnera beaucoup à réfléchir

Voici la vidéo

Crise de possession et hystérie

La possession se présente comme un état dissociatif tel qu’il est décrit dans les psychoses schizophréniques ; mais la réponse à y apporter n’est jamais univoque et ne doit pas être dissociée du contexte culturel dans lequel elle apparaît.

Ainsi l’histoire des possédées de Loudun peut être rapportée à une schizophrénie (ou hystérie collective) présentée par toutes les religieuses d’un même couvent ; il en est de même des cas de possession présentée au sein même du territoire africain à comparer aux bouffées délirantes présentées par des africains transplantés en Europe par exemple et subissant les effets pathogènes de l’acculturation.

Mis à part sa signification théologique (ou culturelle) particulière, ainsi que les éventuels phénomènes parapsychologiques qui pourraient lui être associés, la crise de possession ne se distingue pas d’une crise d’hystérie au sens de Charcot ou des phénomènes de spasmophilie, de transe, voire des états de rebirth provoqués dans certaines thérapeutiques.

Pour les théologiens catholiques, le diagnostic différentiel entre maladie mentale et possession diabolique, s’est fondé pendant un certain temps sur l’existence de phénomènes paranormaux. L’Église catholique a très nettement révisé sa position. Par exemple, dans le Praktisches Bibellexicon : « Étant donnée la ressemblance frappante entre la possession et les phénomènes décrits par la parapsychologie, aujourd’hui s’impose la plus extrême réserve. Ce qui, auparavant était considéré comme le signe certain de l’authenticité d’une possession ne peut plus aujourd’hui passer pour tel sans plus ample examen. »

Pourtant, d’autres théologiens et prêtres insistent sur le caractère réel et profondément néfaste des influences sataniques de tous ordres (infestation, obsession, possession). Dom Amorth s’était ainsi une fois plaint à Jean-Paul II que nombre d’évêques ne croyaient pas au démon, et donc ne nommaient pas les prêtres comme exorcistes. Le Pape lui avait répondu : « Celui qui ne croit pas au démon ne croit pas à l’Évangile. »

États du possédé

On distingue un état de calme et un état de crise. L’état de crise se traduit par des contorsions, des éclats de rage, des paroles impies et blasphématoires. Pendant la période de calme, tout est généralement oublié et le comportement redevient bien adapté, voire très pieux. Mais l’image que l’on peut en avoir est loin d’être univoque et ne ressemble probablement pas à celle qu’a retenu William Friedkin dans son film de 1973. Il est plus intéressant, pour s’en faire une idée de lire les écrits de Pierre Janet, De l’angoisse à l’extase ou Les médications psychologiques.

Symptômes de la possession

Selon les théologiens, il existe des signes permettant de porter le diagnostic de possession. Le rituel romain énonce trois symptômes essentiels parmi d’autres qui auraient une valeur analogue : malheureusement la traduction de ce rituel limite ces signes à trois alors que la version latine avance que ces signes “possunt” (peuvent être) entre autres ceux qui sont décrits mais cela n’est pas limitatif :

  • parler, écrire ou comprendre une langue inconnue (glossolalie) ;
  • découvrir des choses éloignées et secrètes (voyance) ;
  • faire montre d’une force inexplicable par l’habitus physique de la personne considérée (psychokinèse).

Les gestes pieux mettent le possédé dans une rage folle et le conduisent à blasphémer horriblement. L’amnésie de la possession est fréquente, et souvent constante.

Les marques du diable, pour l’Église du Moyen Âge, ne se limitaient pas aux trois signes aujourd’hui mentionnés par le rituel romain ; on donnait même la préséance à d’autres symptômes, tels que la lévitation et surtout des zones d’anesthésie, des points du corps anormalement insensibles (il s’agit, pour le neurologue moderne, d’un symptôme de lèpre à son début, de certaines maladies neurologiques ou d’un phénomène de nature hystérique. On peut surtout noter que la personne parle souvent seule).

À titre d’exemple, le cas de Carmen Trasfi, jeune cerdane servante du curé de Llívia (Catalogne), possédée durant quatre ans à partir de 1868, présente plusieurs de ces symptômes : elle s’attribue des noms de démons divers, parle avec des voix qui ne sont pas la sienne et dans des langues qui lui sont inconnues, elle est victime de convulsions et de crises d’hystérie, est insensible au piqûres de clous et ne saigne pas, et avale quantité d’épingles ou d’allumettes qui la laissent indemne et qu’elle recrache lorsqu’on lui fait boire de l’eau bénite.